Travail et inégalités
Camille Dupuy poursuit ses travaux sur les inégalités et les solidarités dans le monde du travail en interrogeant les liens entre régulation collective et intégration professionnelle. Elle coordonne jusqu’en février 2021 une enquête comparative internationale sur les inégalités de traitement au travail à partir d’études de cas en France, au Canada, en Australie et au Danemark. Dans la continuité de cette enquête, elle participe à un projet de recherche coordonnée par Maite Tapia (U. Michigan State) et Jane Holgate (Leeds University Business School) qui analyse les manières de construire des solidarités au sein d’espaces de travail fragmentés, et ce dans cinq pays (France, Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis). Ce projet s’inscrit dans une double continuité : celle des relations nouées dans le cadre d’autres projets avec une partie des collègues britanniques (J. Holgate), états-uniennes (M. Tapia, M. Cha), allemands (L. Hipp) et français (C. Guillaume) impliqués dans ce projet ; et celle de ses interrogations sur le devenir de la représentation collective face aux morcellement des collectifs de travail. L’enquête de terrain démarre à l’automne 2020 et dure 3 ans. Ces enquêtes lui permettront de structurer plus avant les recherches du DySoLab en croisant deux de ses axes structurants : inégalités et travail.
Formation et inégalités
Interrogeant également les enjeux d’inégalités, de travail et de formation, Francis Guérin engage, en collaboration avec Hédia Zannad (Neoma Business School), une recherche sur le développement et la promotion de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur depuis les années 1990 du point de vue des étudiants et s’appuyant notamment sur les travaux de N. Charle et M. Duru-Bellat, P. Kergoat, P. Lemistre. Ces derniers ne sont pas nécessairement recrutés parmi les mêmes cibles académiques que les étudiants « classiques », ne partagent pas le même statut, ne vivent pas les mêmes rythmes, n’ont pas les mêmes occasions de socialisation, voire n’accèdent pas aux mêmes enseignants, services internes ou postes. Au-delà de ces différences objectivables qui n’en sont pas l’objet quand bien même elles devront être identifiées, le but de cette recherche effectuée dans deux grandes écoles ayant développé des dispositifs d’apprentissage très différents (une école d’ingénieurs et une école de gestion) est :
- D’identifier si ces apprentis vivent un sentiment d’injustice ou, au contraire, développent une logique de distinction vis-à-vis des autres publics ;
- De repérer les argumentations et justifications qu’ils apportent à l’appui de ces perceptions ;
- De spécifier les écarts ou au contraire les alignements pouvant exister entre ces perceptions/argumentations et leur situation institutionnelle effective au sein de l’école concernée.
Dans cette même perspective d’analyse des inégalités durant la formation et d’entrée sur le marché de l’emploi, Jean-Louis Le Goff entend poursuivre ses recherches sur la « préprofessionnalisation dans le milieu universitaire et stratégies adaptatives des étudiants au marché du travail ». Dans la suite des travaux réalisés en collaboration avec l’APEC (Guérin, Le Goff, Zannad 2019), il s’agit d’évaluer les stratégies d’anticipation et de projection opérées par les étudiants, notamment en sciences sociales, pour se placer sur le marché du travail et y évoluer. Un processus de prospective socio-cognitive – se construisant lors de leur formation initiale sur la base d’une combinaison complexe d’expériences multiples (petits jobs, expérimentation, stage) et lors des premiers pas dans le monde du travail – représente un apprentissage original voire une expertise spécifique qui déjoue les logiques « adéquationnistes » (adéquation formation/emploi) qui structurent et organisent artificiellement le champ de la formation à visée professionnelle. Il s’appuie notamment sur les travaux de G. Felouzis, F. Guerin, J-L Le Goff, H. Zannad, N. Postiaux, N. Romainville, S. Tralongo.
Travail, famille et inégalités
Marion Charpenel entend poursuivre ses réflexions sur les inégalités de carrière entre les femmes et les hommes et sur les questions d’articulation vie familiale / vie professionnelle. Cela passera principalement par une participation à trois projets collectifs entamés en 2019 ou 2020 :
- GECAMIC : recherche sur les inégalités de carrière dans les administrations centrales et déconcentrées du Ministère de la culture, en collaboration avec Marion Demonteil, Reguina Hatzipetrou-Andronikou, Alban Jacquemart et Catherine Marry. Entretiens biographiques avec des haut fonctionnaires, analyse des carrières.
- WORKLIFE : ANR sur les conséquences biographiques du travail en horaires non standards, en collaboration avec Anne Lambert. Terrain dans le secteur de la propreté, à Marseille, avec Camille François et Anne Lambert.
- Recherche comparative France/Québec sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, en partenariat avec l’Université de Montréal (Mélanie Laroche et Emilie Genin, Ecole de relations industrielles) et Vincent-Arnaud Chappe.
L’autre volet des recherches de Marion Charpenel porte et continuera de porter sur les normes de parentalité. Après avoir achevé courant 2020, une enquête sur les discriminations vécues par les monoparents et les processus de précarisation qui les touchent, elle entend poursuivre avec un projet personnel sur les politiques de promotion de l’allaitement maternel. Le programme de recherche qu’elle porte vise à interroger, dans une perspective de genre, le contenu de cette norme transnationale de maternité, et les processus par lesquels elle s’impose aux parents, en se demandant quelle place ont les mères et leurs savoirs dans ce travail normatif.